La semaine des langues a revêtu un éclat nouveau par l’organisation de concours d’écriture dans les écoles et établissements scolaires de Saint-Martin, concours initiés par le service de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. C’est ainsi que le PRIX LITTÉRAIRE ROBERT ROMNEY a vu le jour…
Une vingtaine d’élèves d’une seconde euro-caribéenne du LEGT Robert Weinum a eu à endosser un rôle qui lui était jusqu’alors nouveau en pareille occasion, celui d’écrivain. Pendant deux heures, à partir d’une consigne invitant à produire un type d’écrit particulier, le récit, ces jeunes lycéens ont eu à rédiger en langue anglaise un chapitre faisant suite au 18ème qui avait clôturé leur lecture du roman « Big Rock ».
Au préalable, ces jeunes lycéens ont eu à étudier le roman de l’écrivain saint-martinois, Robert ROMNEY sous la houlette de leur professeur d’anglais, Charlisia BARAY et de leur professeur-documentaliste, Karine LAROCHE. Recherches diverses permettant de retracer la biographie de l’auteur, de constituer un album de photographies comparatives de deux époques, de questionner des mots, des expressions, des us et coutumes ont convergé vers la rencontre de l’auteur. Une rencontre qui restera gravée dans les mémoires de lycéens en construction intellectuelle et humaine, une rencontre vivante, moment phare d’une étude d’œuvre qui d’ordinaire se déroule en l’absence non seulement de l’auteur mais aussi de l’espace géographique choisi par le narrateur. Des échanges riches autour de faits de langue, de faits culturels, de littérature caribéenne mais aussi autour de l’exercice de mise en texte d’une fiction auquel se voue un écrivain auront à leur tour marqué Robert ROMNEY. Ce dernier s’est dit emporté par le niveau de ce groupe d’adolescents et agréablement surpris de leur interprétation du titre de son roman, de leur opinion sur des sujets multiples liés à l’intrigue. Sortis de cette rencontre enrichis les uns des autres, c’est avec suspens que nos écrivains en herbe attendaient le rendez-vous final, le rendez-vous avec le sujet du prix littéraire Robert ROMNEY. Le moment fatidique a enfin eu lieu au CDI du LEGT Robert Weinum où chaque élève se retrouvant face à lui-même a dû tenter de sublimer « Big Rock » en faisant appel à ses compétences linguistiques, littéraires mais aussi à son imagination.
Dans un décor du Saint-Martin de la fin des années 1960, Robert Romney sur fond d’idylle amoureuse nous prend par la main pour nous guider tout au long d’une découverte extraordinaire, celle qu’il qualifie de son Saint-Martin, celui qui a marqué ses jeunes années. Descriptif en filigrane d’un mode de vie particulier, saupoudrage d’un anglais saint-martinois typique fondu dans un anglais standard que manie brillamment l’ex-professeur et inspecteur d’anglais, portrait de personnages captivants car surprenants de charme et authentiques, « Big Rock » avait élu deux personnages principaux, Cathy et Willy. Ceux-ci s’étaient séparés à la fin du roman, partant vers d’autres horizons poursuivre des études toutefois, ils vont réapparaître sous la plume d’une lauréate inattendue. La timide et discrète Jeanéliya FERTIL-LAKE n’a pas manqué de subjuguer les membres composant le jury, Mmes Cathy AFRICA et Miranda ARNELL, M. Anthony GOMBIS, professeurs d’anglais et M. Alex RICHARDS, directeur de l’action culturelle de la COM de Saint-Martin. Usant d’une ellipse fort bien pensée, Cathy et Willy nous sont revenus, trente ans après dans l’île qui avait vu naître leur amour mais cette fois-ci en tant que parents de deux enfants. Dans un style fin et léger où le détail endossait un rôle subsidiaire, dans un anglais exemplaire à tous points de vue : syntaxe, grammaire, lexique, cette écrivaine en herbe n’a pas hésité à suivre les pas de Robert ROMNEY pimentant son récit d’expressions caractéristiques de Saint-Martin, le Saint-Martin de Robert ROMNEY qu’elle avait fait sien.
Une cérémonie pendant laquelle Jeanéliya FERTIL-LAKE et tous ses camarades de classe étaient conviés à découvrir l’issue de ce concours a été organisée au LEGT Robert Weinum. La proviseure, Madame Marlène BOREL qui avait suivi avec beaucoup d’attention et d’intérêt toutes les étapes de ce prix, hormis la séance consacrée au jury qui s’était déroulée dans la salle de réunion du service de l’éducation nationale à partir de copies anonymes, s’était conduite en hôtesse expérimentée et ô combien comblée. Participants au concours accompagnés de leurs parents, divers membres de la communauté scolaire, médias du territoire, membres du jury avaient répondu présents à ce moment inédit de remise du prix littéraire Robert ROMNEY.
M. Alex RICHARDS en tant que président du jury a eu l’honneur de lire à haute voix le texte gagnant sans dévoiler l’identité de l’auteur. Palpable dans l’auditoire, l’émotion a atteint son paroxysme provoquant des larmes de surprise et de bonheur chez Jeanéliya FERTIL-LAKE. La lauréate du premier prix littéraire jamais organisé sur le territoire de Saint-Martin, a reçu de Monsieur Robert ROMNEY en personne le trophée correspondant au dit prix sous les regards attentifs et fiers de Monsieur Michel SANZ, le vice-recteur de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin et de Madame Marlène BOREL, la proviseure du lycée d’enseignement général et technologique Robert Weinum. Couverte de cadeaux et de fleurs, serrant avec maladresse son trophée et une plaque gravée de sa production écrite, Jeanéliya FERTIL-LAKE, au moment de prendre congé de ses admirateurs, a affiché une joie à moitié consommée. Si elle avait rapidement pris conscience de la nouvelle voie qui s’offrait à elle, elle avait surtout réalisé que la renommée qui lui incombait en tant que lauréate d’un prix voué à être perpétué l’avait sortie de l’anonymat.
Evelyne FLEMING, chargée de mission auprès du vice-recteur, chef du service de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin.