Bonne et heureuse retraite !

Parmi les personnels de l'éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin qui ont choisi de partir à la retraite en 2017, certains ont accepté de partager leur parcours professionnel avec nous.

Nous souhaitons à chacun des retraités 2017 une très longue et très heureuse retraite !

Par ordre alphabétique

MADAME RITA CAREL

 Rita CAREL rêvait de devenir professeur de lettres et pour cause, elle adorait lire et s’adonnait à son passe-temps favori même lorsqu’il fallait s’aider d’une lampe de poche à l’extinction des lumières de la maison familiale. Excellant dans la discipline, elle changera pourtant d’idée au moment de passer le baccalauréat et optera pour une poursuite d’études en psychologie.

Quittant sa Martinique natale pour poursuivre des études post-bac à Toulouse, c’est en Guadeloupe qu’elle se rendra au bout de deux ans. En effet, suite à un appel téléphonique de sa mère, la jeune fille usant d’obéissance se pliera aux volontés maternelles et se présentera au concours de recrutement des élèves-maîtres en Guadeloupe. Celui-ci ayant été suspendu en Martinique pendant un certain nombre d’années, elle fréquentera donc l’école normale de Pointe-à-Pitre dès 1980 et fera partie de la première promotion à obtenir le DEUG des instituteurs. Elle se souvient de l’obligation d’animer, dès la fin de la première année, un stage de deux à trois semaines pendant les grandes vacances à destination d’une colonie de vacances. Le goût des apprentissages, le plaisir de travailler, la rigueur, la discipline et le respect de l’autre sont tout autant d’acquis, datant de ses années de couvent qui lui serviront encore et encore.

Sa première affectation en 1982 la mènera aux Saintes, plus précisément à Terres de Haut où elle dirigera pendant cinq ans l’école maternelle puis de 1987 à 2006, elle se verra confier celle des Abymes, Hilarion LÉOGANE. De 2006 à 2008, elle choisira d’enseigner à des enfants autistes dans la CLIS de l’école de Grand-Camp I attirée par cette problématique à laquelle elle avait été fortement sensibilisée lors de ses études de psychologie. L’année suivante, une mission sur la maîtrise des langages lui sera confiée dans trois écoles maternelles des Abymes.  Nommée à un poste d’adjointe à l’école maternelle de Dothémare en 2009, elle prendra la tête de cette dernière deux ans après. De 2012 à 2014, elle retrouvera avec joie Les Saintes, terre de sa première affectation, où elle prendra encore plus de plaisir à enseigner car en face d’elle, elle aura les enfants de ses premiers élèves de l’époque. Elle se revoit traversant le bourg de Terres de Haut et entend encore une fillette criant à sa mère en la pointant du doigt « Maman, maman, voici la maîtresse de papa ! » et la mère de corriger « La maîtresse d’école de papa, chérie » ce qui ne manque pas de la faire éclater de rire. Son expérience saintoise marquera sa carrière car elle est caractérisée à la fois par la convivialité et le sentiment de sécurité. L’année qui précédera son départ de la Guadeloupe, elle la passera une fois de plus en poste à Dothémare.

C’est finalement à Saint-Martin que Madame Rita CAREL viendra mettre un point final à sa carrière et aujourd’hui, elle ne regrette point d’avoir vécu cette nouvelle expérience. Elle y passera deux années enrichissantes même si elle avoue s’y être sentie impuissante et perturbée face aux difficultés sociales de parents accueillants et bienveillants qui continuent de croire en l’école et la respectent. « Il est malheureux de constater que certains élèves avant d’être enfants sont adultes » confie t-elle « Force est de remarquer qu’il n’y a pas de réelle prise en charge de ces enfants, les structures adéquates à ce type de public faisant cruellement défaut sur le territoire ». Toutefois, elle réalise la chance qu’elle a eue d’avoir de très bons enseignants, ponctuels, assidus, investis et motivés. Certains ont une baguette magique pour transformer des comportements, des vies et elle en veut pour preuve le témoignage d’un élève de CM2 que l’école a réussi à métamorphoser : « J’aime beaucoup ma maîtresse, mes camarades de classe et j’ai peur de passer en 6ème ! » a t-il affirmé en fondant en larmes, lors de la cérémonie des « graduations ». Madame la directrice rappelle qu’avant d’avoir affaire à des élèves, on a affaire à des enfants et souligne que ces derniers ne connaissent pas la rancune.

Au bout de son parcours professionnel, la directrice de l’école élémentaire Émile CHOISY, qualifie le directeur d’école comme étant avant tout un être humain à qui certaines choses peuvent échapper. Pendant toute sa carrière, elle n’a eu de cesse de chercher la baguette magique du directeur d’école et conclut avec un large sourire « Je crois que le recteur qui m’a nommée à mon premier poste de directrice a oublié de la glisser dans l’enveloppe contenant mon arrêté de nomination ». Toutefois, elle s’est attachée à privilégier la fermeté et la transparence dans son fonctionnement et demeure ouverte aux remarques « Si je comprends et tolère un certain nombre de choses, il y en a d’autres que je ne peux accepter ». Tout au long de son parcours professionnel elle a fait de la sécurité sa priorité et n’a jamais baissé la garde en veillant toujours à être réactive.  Les enseignants, de son point de vue, doivent être tout aussi concernés par ce sujet en évitant de rester dans leurs salles aux heures d’accueil des élèves, par exemple.

Madame Rita CAREL est soucieuse de boucler son ultime année sans rien omettre ce qui explique l’état de stress dans lequel elle se trouve actuellement et c’est avec une grosse émotion qu’elle dévoilera son appréhension de passer une dernière fois la barrière de son école. Elle anticipe également le pincement au cœur qu’elle aura à l’annonce de la prochaine rentrée des classes et sait qu’elle ne pourra s’empêcher d’avoir une pensée particulière pour les élèves et les enseignants.

Madame Rita CAREL, vous avez fait honneur à cette mère issue d’un milieu modeste et d’une famille nombreuse qui rêvait d’être enseignante et vous l’avez préparée et accompagnée au certificat d’études alors qu’elle était âgée de 43 ans. Votre retraite mérite d’être sous les signes du repos, de la joie et de la longévité et tout un chacun devrait méditer vos mots de conclusion : « Je crois fortement aux pouvoirs de l’École et de l’éducation. Je pense très sincèrement qu’elles peuvent changer l’Homme et je trouve dommage quelques fois que des parents n’aient pas pris conscience de cela. Dans certains pays où il y des conflits armés ou qui sont en guerre, des enfants, aux risques de mourir, font des kilomètres pour aller chercher l’éducation. Quand on l’a, à portée de main, c’est dommage de ne pas faire ce qu’il faut pour en profiter pleinement ! ».

Madame Rita CAREL, tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une paisible et longue retraite !

E.F.

MADAME DOMINIQUE CLARKE

 Madame Dominique CLARKE pour avoir fait partie de la « génération 68 » considère que son caractère rebelle est une explication plausible à sa décision de devenir psychologue. En effet, avec un sourire malicieux et des yeux pétillants, elle relate la désobéissance de l’adolescente de 17 ans qu’elle a été et pense avec le recul qu’elle avait quelque chose à régler avec elle-même en choisissant la voie de la psychologie.

En 1969, elle décroche le baccalauréat A2 (Lettres-Langues) au lycée Racine à Paris avant de poursuivre sur sa lancée jusqu’au DEUG d’histoire-géographie, en 1972. À la naissance de son fils, elle interrompt ses études et sera par la suite employée dans les services en charge du personnel expatrié d’une entreprise privée de travaux publics. Elle suivra parallèlement des cours du soir qui seront couronnés de succès et la licence de psychologie en poche, elle fera son entrée dans l’éducation nationale, en 1983. Elle exercera le métier d’enseignant pendant 19 années dans le département de Seine-Saint-Denis, d’abord dans le primaire puis dans les classes SES (Section d’Enseignement Spécialisé), l’actuelle SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté), après avoir passé la CAPSAIS option F (Certificat d’Aptitude aux actions Pédagogiques Spécialisées d’Adaptation et d’Intégration Scolaire). Mais elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin et en 2001, elle fera d’une pierre deux coups en obtenant le DEPS (Diplôme d’État de Psychologue Scolaire) et le Master 1, le Master 2 sera pour 2003. Psychologue scolaire dès 2001 et ce, pendant sept ans toujours dans le département 93, elle s’intéressera de près à l’ethnopsychologie, avide de comprendre les cultures des autres.

Ignorant que ses connaissances en ethnopsychologie lui serviront d’atouts considérables dans son nouveau lieu de vie et de travail, elle demandera une mutation dans l’académie Guadeloupe et rejoindra son fils à Saint-Martin. Le suivi d’une stagiaire, étudiante saint-martinoise en psychologie, préparant son Master 1 à l’université de Poitiers, aura également été de bon augure. Elle retrouvera cette dernière en poste de psychologue au centre médico-social de Saint-Martin. De 2007 à 2008, elle enseignera au collège Soualiga dans une UPI (Unité Pédagogique d’Intégration), actuelle ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire) pour reprendre ses activités professionnelles en tant que psychologue scolaire jusqu’à 2017, fin de sa carrière.

Le début de son expérience de psychologue scolaire à Saint-Martin n’a pas été des plus faciles car elles n’étaient que deux à se partager 5 400 élèves dans le primaire. Sa dévotion auprès des enfants et sa disponibilité auprès des parents, y compris en dehors du temps scolaire, n’ont pas manqué de porter leurs fruits. Son objectif étant de faire adhérer les parents à la scolarité de leurs enfants, elle optimisera les rencontres parents-enfants jusqu’à s’impliquer dans deux projets du PRE (Programme de Réussite Éducative). Madame Dominique CLARKE ne conçoit pas le métier de psychologue sans une grande écoute et pour avoir fait l’objet d’agressions verbales provenant de parents en colère, elle est apte à conseiller : « Dans un souci d’apaisement, il faut éviter de répondre lorsque le climat de communication est survolté et le meilleur moyen de calmer les interlocuteurs est de les mettre autour d’une table ». Elle soulignera la nécessité absolue de recevoir des parents en bonne et due forme et non entre deux portes, « Ces derniers ont beaucoup à nous apprendre sur leurs enfants ».

La fin de sa carrière sera marquée non seulement par les palmes académiques  décernées lors de sa dernière année scolaire mais également par son proche engagement dans une association, dès ses premiers pas en tant que retraitée, au service de jeunes décrocheurs, un public qu’elle affectionne tout particulièrement.

Madame Dominique CLARKE, tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une heureuse retraite jalonnée de projets enrichissants tant pour vous que pour les jeunes de nos territoires.

E.F.

MADAME NADINE DUCROCQ

Une année scolaire se clôture et avec elle une carrière ! La carrière d’une magicienne, Nadine DUCROCQ ! Métamorphoser la réalité en lui donnant formes et couleurs, apporter du rêve à des créateurs en herbe en leur insufflant confiance et moyens d’expression sont quelques tours de magie que cette enseignante d’arts plastiques compte à son actif.

Envers et contre tous, en avril 1986, Nadine DUCROCQ décide de changer de vie. Elle éprouve le profond désir de se retrouver avec son moi et prend la décision d’aller là-bas. En instance de divorce, les oreilles pleines des « N’y va pas ! », « Ne fais pas cela ! », elle reconnaît qu’il a fallu beaucoup de courage pour lever l’ancre à destination de l’inconnu. On l’avait accusée de mettre lâchement les voiles, on lui avait prédit orages, tempêtes et naufrage et on avait misé sur son apparence fragile qui ne saurait affronter seule la construction d’une nouvelle vie et pourtant…

Le village de Mougins abritant sa famille, sa galerie, ses sculptures était maintenant loin derrière elle lorsqu’à l’âge de 34 ans elle a foulé le sol de l’île de Saint-Martin. Tout lui semblait alors possible ! Elle avait pris soin d’emporter son chien, son chat et avait embarqué dans un container son four à céramique et tout le matériel nécessaire à la fabrication de sculptures. Les trois premières années ont failli avoir raison d’un abandon et d’un retour au pays natal. Seule et démunie, elle n’avait que ses larmes pour lui prodiguer découragement et désespoir. Mais dans un sursaut de survie, elle réagira en prenant conscience qu’elle avait de l’or dans les mains et la battante qui était jusqu’alors tapie au fond d’elle même, va se réveiller.

En possession de son diplôme national des Beaux-Arts, elle fera des rencontres intéressantes qui lui permettront d’exercer ça et là des activités professionnelles en rapport avec ses compétences artistiques jusqu’à faire ses premiers pas comme illustratrice des nouveaux programmes d’une école de Sint Maarten, the « MAC School », pendant environ neuf ans. En 1989, elle fera partie de l’éducation nationale en tant que maître auxiliaire de dessin, le premier professeur dans cette discipline à Saint-Martin. En 1995, elle réussira au CAPES en faisant fi de sa peur d’être affectée ailleurs, de devoir quitter ce qu’elle appelle désormais son île pour y avoir construit sa maison et s’être faite des amis. Saint-Martin l’avait tant et si bien adoptée que c’est ici qu’elle fera son année de stage et qu’elle aura un poste dans l’unique collège appelé à l’époque collège de Saint-Martin et rebaptisé collège Mont des Accords. Non seulement Nadine DUCROCQ aime Saint-Martin mais elle aime aussi ses enfants et sa carrière a été marquée par de nombreux projets et de belles réalisations pour eux et avec eux. Au delà des arts plastiques et du dessin, ce sont les dimensions éducatives et sociales de ses élèves qu’elle a placées au cœur de son enseignement d’où la création d’un atelier appelé d’après son premier cheval, Casanova. De 2001 à 2012, elle s’attachera à atteindre les objectifs fixés par l’atelier Casanova, à savoir lutter contre l’absentéisme et les violences scolaires, améliorer les résultats et acquérir une maîtrise de soi.

Caractérisée par la bonté de son regard et la douceur de sa voix, Nadine DUCROCQ nous confiera « Et aujourd’hui vient la retraite, quel vilain mot, je la subis plus que ne l’accepte. Je serai bientôt rayée des listes... La porte se ferme sur un parcours professionnel durant lequel j’ai fait un bout de chemin avec des enfants, des enfants qui sont devenus un peu les miens !». Malgré cette pointe de nostalgie, l’aube de la retraite de Nadine DUCROCQ est déjà annonciatrice du plaisir de continuer à travailler sur l’humain, de partager des expériences et des savoirs. Faisons le pari que cette grande dame saura se battre, comme par le passé, pour faire une digne place à l’équithérapie à Saint-Martin.

Nadine DUCROCQ, tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une retraite aux couleurs de l’arc en ciel et aux mille formes sculpturales de votre environnement saint-martinois.

E.F.

MONSIEUR LOUIS FLEMING

Encore appelé Richie par les plus anciens, ce sobriquet donné affectueusement par un oncle qui avait souhaité le voir baptisé Richard plutôt que Louis, lui est resté et a traversé les âges. C’est une fois scolarisé que Chic, un deuxième surnom, est venu rivaliser avec le précédent. En raison de son physique, il avait été gentiment associé à un homme de petite taille. De son vrai nom, Louis FLEMING, le « Richie » des uns et le « Chic » des autres, était bien parti pour devenir un grand homme des armées. En effet, en 1975, gonflant les rangs du régiment du S.M.A. de la Guadeloupe, il s’était distingué major de sa promotion par l’obtention d’un certificat technique d’exploitation radiotélégraphique. Il se voyait partir à Tahiti comme militaire mais pour ce faire, il devait d’abord passer deux ans en Bretagne. Déjà instituteur remplaçant en 1974, il préférera revenir à son premier métier et deviendra en 1980, instituteur titulaire dans l’enseignement primaire, nommé à l’école de Bord de Mer à Saint-Martin.

Fervent pratiquant de football dès son plus jeune âge, c’est tout naturellement que Louis s’adonnera avec passion au handball en étant jeune lycéen au lycée Gerville Réache. Son métier se verra enrichi par l’enseignement de cette pratique sportive alors inconnue à Saint-Martin, pour le plus grand bonheur de ses élèves de CM1 et de CM2. Délégué USEP de 1976 à 1992, il a toujours cru que le sport était un formidable moyen de véhiculer des valeurs fortes de citoyenneté et mis à part les notions d’hygiène, le respect des règles, il a misé sur l’amélioration des performances des jeunes en prenant en compte l’évolution du jeu.

C’est donc sans surprise que M. Louis FLEMING a été d’une part l’adjoint au maire de la commune de Saint-Martin, responsable entre autres de la commission des sports, de 1989 à 2001 et d’autre part, conseiller pédagogique de la circonscription des Îles du Nord en charge de l’E.P.S. Toutefois, sa carrière politique s’est poursuivie en tant que conseiller territorial de la collectivité d’outre-mer de Saint-Martin, en charge de l’établissement des eaux et de l’assainissement, de la coopération régionale et du transport public alors que son investissement dans le milieu associatif date de toujours. Les associations Junior Stars, Hand-Ball de Saint-Martin, Vwel o Ven, Radio Saint-Martin, Z.E.P. de Saint-Martin sans oublier JAYCEES de Sint Maarten (Jeune Chambre Économique) ont pu compter sur un bénévolat sans limite où l’homme soucieux d’autrui et désireux de porter sa pierre à l’édifice saint-martinois a forcé le respect et acquis la confiance de tous. Tour à tour membre, trésorier, vice-président de l’association culturel de Sandy-Ground et ce, depuis 1974, il œuvre encore à ce jour aux côtés de la dynamique structure que représente ce centre culturel.

Infatigable, dévoué et surtout  caractérisé par une grande discrétion, M. Louis FLEMING se prépare à une retraite bien méritée après avoir accompli une carrière laborieuse, riche et dictée par le sentiment d’avoir donné le meilleur de lui-même pour accomplir son devoir. Invité à relater l’événement qui aura le plus marqué sa vie professionnelle, c’est sans hésitation et avec un rire franc qu’il relate sa première inspection. La démarche droite et raide, le teint pâle relevé par un gros chignon noir, Madame URGIN, inspectrice intransigeante et redoutée dans le milieu de l’éducation a été celle qui lui a administré sa première note et ce 12/20 relevant de l’exploit, il n’est pas prêt de l’oublier.

Monsieur Louis FLEMING a su donc démontrer très tôt qu’il savait relever les défis. Il a gravi les échelons passant de remplaçant à stagiaire puis de stagiaire à titulaire, assurant l’intérim en tant qu’inspecteur de la circonscription des îles du Nord à deux reprises, mais celui que nous lui souhaitons de relever avec brio est bien celui de la retraite. Gageons qu’il saura trouver le moyen de rester un retraité actif !

Richie, Chic, Monsieur Louis FLEMING, au nom de tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, BONNE RETRAITE !

E.F.

MADAME LUCIENNE GRÉAUX

 

Madame Lucienne GRÉAUX, directrice de l’école élémentaire Sainte Marie à Saint-Barthélemy, nous a accordé une interview à la veille de sa retraite.

 

Comment êtes-vous devenue personnel de l’éducation nationale ?

 Depuis mon plus jeune âge, je souhaitais être « maîtresse d’école ». En classe de troisième, j’ai passé le CREM (Concours de Recrutement des Élèves Maîtres), ce qui m’a permis d’avoir une bourse de normalienne, pour continuer mes études. Après un baccalauréat scientifique obtenu au Lycée de Baimbridge, je me suis inscrite à l’université de Fouillole pour entamer des études de biologie, mais j’ai dû y renoncer  et me mettre à la recherche d’un emploi. En 1978, j’ai été contactée par la directrice de l’école Sainte Marie pour un remplacement, remplacement qui a duré… Je suis donc entrée par la petite porte  et ensuite, j’ai préparé mon CAP d’enseignante, puis le professorat des écoles. Je me suis formée pendant deux ans et j’ai accepté la direction de l’École Sainte Marie en 2004.

Quels sont les faits marquants de votre carrière ?

 Le changement de localisation de l’école ;

La volonté tenace des anciens élèves à inscrire leurs enfants dans leur école ;

Mon changement de fonction : d’enseignante à chef d’établissement ;

Les différents déplacements que j’ai pu faire dans le cadre de ma formation, notamment en Finlande ;

La création d’une classe supplémentaire, il y a quatre ans et pour la rentrée prochaine un poste d’enseignant spécialisé à mi-temps.

Quels conseils donneriez-vous aux enseignants qui débutent ?

 Il faut beaucoup travailler, et surtout travailler en équipe. Il ne faut pas hésiter à demander conseil.

Il faut également créer dans sa classe une ambiance propice au travail mais aussi à l’épanouissement de chacun et surtout ne pas oublier que nous travaillons avec le matériel  le plus précieux du monde : l’esprit d’un enfant, sur lequel nous laisserons certainement une empreinte.

Quelle place accordez-vous aux parents dans la réussite de vos  élèves ?

 Les parents tiennent une place très importante dans la réussite de leurs enfants tout en sachant rester à leur place ! Les parents doivent collaborer avec les enseignants, prendre part à la vie de l’école, mais ne pas essayer de s’immiscer dans la pédagogie qui est du ressort de l’enseignant et de la responsabilité du chef d’établissement.

Si vous aviez un message à délivrer aux élèves de Saint-Barthélemy, quel serait-il ?

 Leur rappeler l’importance et la nécessité de quitter l’île pour faire des études, de s’ouvrir au monde, de se préparer  à prendre la relève dans tous les domaines (associatif, culturel, politique, professionnel).

Quelles sont selon vous, les qualités requises pour être une bonne directrice d’école ?

 Être vraie, cohérente dans ses démarches et décisions ;

Savoir écouter l’autre (élève, enseignant, personnel, parent) ;

Savoir anticiper le travail, les évènements pour ne pas se laisser dépasser ;

Savoir déléguer : confier des rôles à chacun des enseignants, selon leurs compétences pour ne pas avoir à tout gérer, et surtout leur prouver notre confiance ;

Savoir remercier.

Si vous deviez qualifier votre parcours professionnel, quels sont les trois adjectifs que vous emploieriez ?

 Original, enrichissant, valorisant.

Si vous deviez refaire une carrière en tant que directrice, que changeriez-vous ?

J’aurais insisté pour que les écoles publiques et privées travaillent en étroite collaboration, qu’il y ait des échanges entre les classes, entre les enseignants, des projets communs.

À la veille de votre retraite, dans quel état d’esprit et dans quel état émotionnel êtes-vous ?

Un état d’esprit assez mitigé. Je suis heureuse parce que c’est  un choix mûrement réfléchi. J’éprouve un sentiment de gratitude et de reconnaissance envers l’équipe, l’association des parents d’élèves, l’organisme de gestion de l’école et la collectivité d’outre-mer de Saint-Barthélemy pour toutes ces années de collaboration et cette superbe fête organisée pour mon départ et une certaine tristesse de quitter mes petits élèves qui m’ont tant apporté. Je sais qu’à la prochaine rentrée, il y aura un manque, mais je saurai rebondir, car j’ai encore  beaucoup de projets  à réaliser…

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

 J’aimerais partager ma devise : « Ensemble, c’est mieux ! »

Que les écoles travaillent ensemble, que les enseignants échangent autour de leurs pratiques pédagogiques, que tous les élèves de notre petite île collaborent  en réalisant des défis et des projets communs et n’attendent pas le passage au collège pour se retrouver.

Merci à l’éducation nationale de m’avoir permis de réaliser cette belle carrière.

Madame Lucienne GRÉAUX, merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

 Tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une longue, heureuse et active retraite !

E.F.

MONSIEUR DANIEL GUMBS

 

Impressionnant par sa stature, l’homme peut inspirer à première vue crainte et respect pourtant l’apparence serait, une fois de plus, trompeuse comme le dit si bien le proverbe. La bonté de Monsieur Daniel GUMBS n’a d’égale que sa persévérance et son sens du devoir et tout au long de sa carrière dans l’éducation nationale, il a accordé beaucoup d’importance aux causes sous-jacentes de l’échec scolaire et de l’absentéisme. Observer, écouter et comprendre sont les maîtres mots qui ont toujours défini son fonctionnement d’enseignant, de proviseur adjoint, de principal adjoint ou de principal de collège. Dans les autres c’est-à-dire ses collègues, ses élèves ou ses personnels, il verra avant tout des êtres humains et s’attachera à mettre en lumière leurs qualités. Son enfance l’a façonné jusqu’à modeler l’adulte qui, dès l’âge de douze ans,  s’était révélé par le goût du labeur. En effet, issu d’une famille modeste et orphelin de père à l’âge de deux ans, il a très tôt su ce que signifiait le mot « responsabilité ». Influencé par ce décès, son parcours particulier ne fera que l’enrichir et évoluant dans sa fratrie de quatre enfants, il accordera une place essentielle à la famille comme vecteur de réussite et d’éducation. Le rôle de sa mère sera donc prépondérant dans son apprentissage de la musique, des mathématiques et des sciences.

À la veille de sa retraite, il se dit prêt à tourner une page de sa vie, celle qui correspond à une période qui se compte en dizaine d’années au service de l’éducation nationale, celle qu’il a débutée en tant que maître auxiliaire avant de réussir au concours de recrutement des PLP en 1982. Il se remémore également, non sans humilité, les douze années en tant qu’adjoint au maire de sa commune, Saint-Martin, en charge de la vie associative et du contrat de ville.

Pour son plus grand bonheur et sa plus grande satisfaction, sa carrière prendra fin au collège de Quartier d’Orléans, ce Quartier d’Orléans si cher à son cœur pour l’avoir vu naître, grandir, enterrer les siens et bâtir une famille. Il se donnera corps et âme afin de laisser un collège libéré des violences qui le gangrénaient, apaisé des affrontements en toutes sortes qui le stigmatisaient mais surtout un collège qui a su réconcilier les parents avec l’École. Sentinelle inlassable, il ne fera plus les quatre cents pas à l’entrée pour vérifier les alentours, sermonner les parents des élèves retardataires et saluer les uns et les autres sans manquer d’encourager les plus sensibles d’un hochement de tête complice. Monsieur Daniel GUMBS connaît par cœur chaque élève et est au fait de la misère sociale qui sévit dans chaque famille ce qui fait de lui un principal pleinement investi car conscient que la réussite d’une grande majorité de ses élèves n’est autre que le résultat d’un judicieux mélange de volonté, de confiance en soi, de dépassement d’une vie quotidienne poignante et trop souvent ingrate. Les valeurs d’une école de la République française ont été plantées au sein de l’établissement telles des remparts contre la déchéance intellectuelle et l’échec scolaire. Lui qui a, à maintes fois, enseigné les mathématiques en langue anglaise pour repêcher certains, emprisonnés par les barrières de la langue française, lui qui converse encore avec des élèves en grande majorité anglophone, reprenant patiemment leurs propos en français ou répondant et expliquant dans la langue de Molière, les menant savamment à ouvrir les portes d’une communication où les complexes sont délicatement effacés et où la compréhension réconforte en distillant l’espoir. Son plus beau cadeau, il ne cessera de s’en vanter, c’est d’avoir accueilli dans ses murs une expérimentation inédite d’un enseignement bilingue en français et en anglais qui a démontré que les spécificités linguistiques de son île sont de précieux atouts qui propulseront, dans un avenir proche, les jeunes Saint-Martinois.

Lorsque pour la dernière fois il refermera la barrière du collège de Quartier d’Orléans III, Monsieur Daniel GUMBS, la tête haute, se laissera envahir par le sentiment d’un travail accompli avec foi et acharnement. Sur un terrain qui a appartenu à sa mère, il a vu ériger un collège sans penser qu’un jour il en prendrait les rênes toutefois, il a participé à l’ensemencer de multiples graines et est comblé de les voir non seulement germer mais aussi pousser.

Monsieur Daniel GUMBS, les services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une longue et heureuse retraite dans votre fief de Quartier d’Orléans dont vous resterez un fidèle protecteur. Vous ne manquerez sans doute pas de suivre l’évolution de votre giron avec un regard à la fois attentif et discret mais aussi en prodiguant des conseils bienveillants et précieux.

E.F.

MONSIEUR FRANTZ GUMBS

 

L’épilogue d’une carrière atypique et modèle peut désormais prendre forme. Monsieur Frantz GUMBS, une des figures emblématiques de Saint-Martin a accepté de partager avec nous un parcours professionnel à la fois riche et inédit.

Après avoir effectué sa scolarité dans les classes élémentaires et au collège de Saint-Martin, le jeune Frantz GUMBS inscrit au lycée de Baimbridge en Guadeloupe y passera son baccalauréat avant de poursuivre des études post-bac en Martinique, puis de se spécialiser en biologie à Montpellier. C’est en Guadeloupe qu’il fera ses premières armes dans le métier d’enseignant. Il y passera trois ans au lycée professionnel de Bouillante et six au Lamentin avant de regagner sa terre natale, Saint-Martin. Outre le rôle  d’enseignant, il sera détaché de direction du centre intégré de formation continue du GRETA des Îles du Nord, fera fonction de proviseur adjoint au LP de Saint-Martin pour finalement être nommé personnel de direction de l’éducation nationale à compter de septembre 1994. Toutefois, en sus de son implication forte dans la vie associative de l’île en tant que président du comité des fêtes, du centre culturel de Sandy-Ground, du Rotary club, entre autres, il s’impliquera dans la vie politique. Il sera élu conseiller municipal en 2001 et sa participation active dans la campagne de consultation populaire de décembre 2003 pour un nouveau statut restera dans les mémoires. Sa carrière politique finira par prendre le dessus en 2008 et en tant que président de la toute jeune collectivité d’outre-mer de Saint-Martin, il sera en détachement pour exercice de fonction élective jusqu’en mars 2012. À partir de cette date, il sera nommé proviseur adjoint au Lycée Polyvalent des Îles du Nord, y assurera l’intérim de 2013 à 2014 et en 2015, il prendra, en tant que proviseur, les rênes de la cité scolaire Robert WEINUM où  sa fin de carrière s’annonce en apothéose, en août 2017. Pionner d’un lycée sur les rails de la réussite, il sera surpris lorsqu’en début 2017, le Ministère de l’éducation nationale, suite à la publication d’indicateurs de réussite de tous les lycées de France, Le Parisien déclare le lycée Robert WEINUM, l’établissement le mieux noté en termes de valeur ajoutée, critère prenant en compte les résultats des élèves par rapport à leur niveau initial. L’exemple dit-on vient d’en haut et nous en avons la preuve avec des équipes pédagogiques qui, à l’instar de leur chef, ont su retrousser leurs manches et impulser une dynamique de travail adaptée aux caractéristiques scolaires et socioprofessionnelles de leurs élèves.

Le poids des années accru par les responsabilités n’a pas eu raison d’un humour fin et d’un rire contagieux et le regard qui caractérise l’homme s’est accentué en vivacité et intensité. Disposé à écouter, Frantz GUMBS est toujours resté soucieux d’être impartial et juste lors de ses prises de décision. Ses facultés de communication ponctuées par une grande humilité ont fait de lui un élément référent non seulement dans le monde de l’éducation mais également dans celui de la société toute entière. Nous garderons en héritage sa devise «The greatest human power on earth is the power of choice» qu’il serait pertinent de méditer et puissent ces quelques lignes rendre un digne hommage à un personnel exemplaire de l’éducation nationale qui a œuvré avec le cœur et l’amour de l’autre, qui n’est pas peu fier de jouer les dernières notes d’un parcours professionnel, sans faute, dans un lycée baptisé du nom de son fidèle ami.

Monsieur Frantz GUMBS, tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent une bonne et heureuse retraite !

E.F.

MONSIEUR JEAN-PIERRE LIMOUZIN

 

Monsieur Jean-Pierre LIMOUZIN se prépare à partir à la retraite toutefois, il n’a aucunement l’intention de quitter Saint-Martin où il a choisi de vivre. Il y est bien et a programmé de prendre le temps d’en jouir pleinement.

De parents commerçants, il a grandi en Vendée où la maison familiale et l’école de son village étaient séparées par une simple clôture. Dès son plus jeune âge, il ne manquait pas d’admirer les enseignants et caressait déjà le rêve de devenir instituteur. Premier de sa classe, il va devoir poursuivre dans un collège à 25 kilomètres de chez lui où il sera en pension la semaine puis au lycée en tant qu’interne. À l’âge de 20 ans, il présentera avec succès le concours de l’école normale où il entrera en tant qu’élève-maître après deux années de droit. Des professeurs de l’école normale se chargeaient de la pédagogie alors que des maîtres d’application veillaient sur la pratique et des stages étaient organisés d’abord avec tuteurs puis en responsabilité. Le jeune Jean-Pierre LIMOUZIN, le diplôme d’instituteur et un DEUG mention enseignement 1er degré en poche, choisira d’être sur le terrain plutôt que de préparer une licence. Le temps du service militaire venu, il partira en coopération dans une école franco-gabonaise où il vivra une expérience formidable aux côtés de maîtres chevronnés et de maîtres locaux privilégiant le travail en équipe pour faire vivre un même programme, le programme français reconnu par le Ministère.

Le retour à la case départ se fera en 1985 et il occupera de nombreux postes en Charente Maritime avant de devenir directeur d’une école de neuf classes en 1991. De 1993 à 1999, il reprendra au Sénégal son rôle d’instituteur avant de repartir au Gabon de 1999 à 2001. Il se souvient encore, non sans émotion, de la reconnaissance que lui témoignaient sa hiérarchie mais également les parents et les élèves. Ce contact humain, cette facilité d’établir des relations avec les gens vont beaucoup lui manquer quand pour suivre la scolarité de ses enfants, il retournera en France. Après deux années passées à y enseigner, il occupera le poste de directeur adjoint de la MGEN  de la Rochelle jusqu’en 2008 et y sera l’organisateur de la création du réseau PAS, un réseau pour venir en aide aux collègues en difficulté sur le plan personnel et professionnel. Il se verra obligé de passer un entretien pour réintégrer la liste d’aptitude aux fonctions de directeur d’école revenant ainsi à ses premières amours puis s’envolera vers de nouveaux horizons.

Monsieur Jean-Pierre LIMOUZIN découvrira Saint-Martin lors d’un de ses voyages en Guadeloupe où il avait coutume de venir passer des vacances. Il aura un véritable coup de cœur pour ce petit pan de terre caractérisé par le charme se dégageant du brassage des populations. Après dix ans d’Afrique, il était convaincu que le partage et le don de soi, qui plus est sous un climat idyllique comptaient parmi les ingrédients précieux de la vie, la vraie vie. Son épouse et lui seront alors affectés à Saint-Martin, tous les deux sur des postes à l’école Hervé WILLIAMS I, l’actuelle Amélie LÉDÉE, dirigée à cette époque par Madame Corine BROOKSON. S’octroyant un temps d’observation, il prendra la tête de l’école Morne O’REILLY l’année suivante pour une durée de trois ans et ce, avant de prendre la direction, deux ans durant, de l’école maternelle de Quartier d’Orléans I. En 2013, il reprendra une décharge complète pour assurer la fonction de directeur de l’école élémentaire Hervé WILLIAMS, école où prendra fin une carrière riche et réussie malgré quelques déboires personnelles qui n’ont pas eu raison de sa foi en la vie. Le challenge que lui réservait ce dernier poste était de taille. En effet, il prenait la relève d’un collègue qui avait exercé dans cette école pas moins de dix-sept années et son désir le plus ardent était de bien fonctionner avec son équipe. Aujourd’hui, c’est avec fierté qu’il parle de cette dernière en la qualifiant de soudée et professionnelle. La démonstration de la solidarité qui règne dans l’école de Monsieur le Directeur a été faite lors d’un projet réalisé par tous les personnels, les parents et les élèves. Intitulée « La virée fantastique », la comédie musicale entièrement made in Hervé WILLIAMS est l’apothéose de sa carrière… un cadeau inestimable.

« Unanimement apprécié » comme l’avait autrefois écrit le conseiller culturel du Gabon, monsieur Jean-Pierre LIMOUZIN, pourra enfin profiter d’une retraite dépourvue des contraintes d’un emploi du temps mais surtout une retraite pendant laquelle il continuera non seulement à fabriquer sa propre liqueur de guavaberry mais également à déguster le pudding local. Nous lui souhaitons de chérir, encore et encore, les merveilleux souvenirs qu’il a acceptés de partager avec nous tels que celui d’une femme sénégalaise puisant de l’eau, un enfant dans le dos et un autre à ses côtés, lui adressant un grand sourire ou celui du robuste et spontané père d’élève saint-martinois qui après lui avoir donné une franche poignée de main, l’a fraternellement pris par les épaules en le remerciant d’avoir été un bon directeur.

Monsieur le directeur, Monsieur Jean-Pierre LIMOUZIN, le moment est venu pour tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et Saint-Martin de vous souhaiter une longue et heureuse retraite !

E.F.

MADAME JOSELYNE PRUDENT

 

Connue comme le loup blanc sur le territoire de Saint-Martin, il suffit de dire « Madame PRUDENT » pour que l’on vous réponde « la directrice de l’école élémentaire Nina DUVERLY ». Sur les traces de la grande dame Nina DUVERLY dont l’école porte le nom, c’est une autre grande dame en la personne de Madame Joselyne PRUDENT qui a pris la direction de cette école. Même main de fer dans un autre gant de velours et même leitmotiv, il faut avoir un objectif et tout faire pour l’atteindre.

La formation de la lycéenne Joselyne SAINT-CLEMENT a fortement contribué à forger sa personnalité professionnelle car l’obligation de réussite était la condition sine qua non. En effet, en fin de 3ème, elle présente le concours d’entrée des instituteurs et rejoint l’école normale de 1967 à 1971. Elle y restera le temps de suivre une scolarité de la seconde à la terminale et une formation professionnelle. En effet, dès l’âge de 14 ans, la Basse-Terrienne, cinquième d’une fratrie de dix, devenait interne à l’école normale située à Pointe-à-Pitre, avec la possibilité de voir sa famille uniquement en période de vacances scolaires. À l’issue de ces cinq années d’un travail acharné, elle présentera avec succès le certificat de fin d’école normale qui lui offrira un contrat de dix ans d’obligation de service avec remboursement à l’État en cas d’interruption. Madame Joselyne PRUDENT, à la veille de sa retraite, mesure l’impact de l’école normale sur sa vie professionnelle et sur sa vie plus largement. Une école annexe à celle-ci servant d’école d’application lui a permis d’être en contact avec des enseignants chevronnés et d’effectuer des stages qui la marqueront d’une empreinte indélébile.

Dans les années 70, la propagande d’implanter une école maternelle dans toutes les communes de la Guadeloupe est lancée et elle participera à la propulsion de cette implantation en travaillant à Marie-Galante, Trois-Rivières, Le Lamentin, avant de poser ses bagages à Saint-Martin pour ne plus en partir. Monsieur PRUDENT est également enseignant et a entendu parler de Saint-Martin par un ami, le fameux Monsieur Jean ANSELME qui était à l’époque directeur de l’école du centre et s’apprêtait à prendre sa retraite. Le couple se laisse tenter et se voit ainsi affecté à cette même école dont la direction avait été reprise par Madame Marie-Antoinette RICHARDS. Très vite, Madame PRUDENT va lancer l’idée de mettre en place une école maternelle en se basant sur les effectifs des classes enfantines qui en 1978 s’élevaient à environ 50 élèves par classe. De 1984 à 1991, elle prendra donc la direction de l’école maternelle de Marigot pour ensuite devenir la directrice de Nina DUVERLY, ancienne école du centre. Cette dernière comptait à l’époque environ une trentaine de classes et était reconnue comme étant la plus grosse école de France. Elle se remémore avoir été maintes fois sollicitée pour permettre l’ouverture de nouvelles écoles par un transfert de ses classes.

Après avoir jeté un coup d’œil dans le rétroviseur de sa carrière, elle affirmera sans hésitation que les classes de découverte (classes de mer, de neige ou de montagne, et classes VILLETTE) font partie de ses meilleurs souvenirs. Elle revoit les visages de tous ces enfants surtout ceux des défavorisés s’illuminant en prenant l’avion et le train, s’étonnant à la vue de la neige, s’épanouissant loin du cocon familial, en quelques mots, s’ouvrant sur le monde. Il existait un ailleurs que Saint-Martin où le rythme de vie était différent, où l’espace était démesuré. La directrice, avec une pointe d’émotion, a vu défiler des images marquantes de sa carrière et a avoué qu’au delà de la pédagogue elle a eu à jouer un rôle social conséquent. Comprendre pourquoi travail et réussite sont indissociables et intégrer la persévérance dans la scolarité de ses élèves ont été autant de facteurs de retombées positives de ces classes de découverte. La satisfaction et la fierté de Madame PRUDENT viennent de la réussite de ses jeunes voyageurs qui pour la plupart vivent et travaillent aujourd’hui en France.

Dans son bureau aux étagères débordantes de trophées, symboles de nombreuses implications dans les concours de mathématiques, d’orthographe mais aussi dans les compétitions à caractère sportif, culturel et artistique, Madame la directrice raconte son parcours professionnel avec frénésie tout en répondant aux nombreuses sollicitations de parents, d’enseignants et d’élèves. L’écoute attentive, les prises de décision réfléchies et le ton quoique ferme trahissent une passion sans bornes pour un métier qu’elle qualifie de vocation. Elle n’a eu de cesse de partager son savoir et de donner bénévolement de son temps, souvent au détriment de sa vie de famille. Pour ne citer que quelques exemples, elle a organisé plusieurs fois l’école ouverte pendant les vacances scolaires et a animé des ateliers d’alphabétisation à destination des parents le samedi ou en semaine, après les cours.  Toutefois, le dernier en date du 14 juin de l’année en cours, a été sa participation à une représentation théâtrale suivie d’un débat sur le thème de la parentalité. La directrice n’a pas hésité une seule seconde à interpréter le rôle de la directrice pour sensibiliser aux dangers d’internet.

Non sans une pointe de regret, Madame Joselyne PRUDENT, inlassable et convaincue, formule pour la énième fois le souhait  que les parents comprennent enfin que l’École n’est pas le seul lieu de savoir. Ils sont les acteurs de l’éducation de leurs enfants dès leur plus jeune âge car celle-ci se construit par eux et avec eux à la maison.

Madame Joselyne PRUDENT a marqué les esprits par son charisme et a grandement fait honneur à l’Éducation nationale en véhiculant les valeurs fortes de la République française tout au long de son sacerdoce. L’investissement sans faille qui la caractérise, a sans nul doute contribué à instaurer un climat scolaire basé sur la réussite et le désir de se dépasser.

Que sa retraite soit heureuse et aussi enrichissante que sa carrière… un tant soit peu plus reposante tout de même !

Madame Joselyne PRUDENT, tous les membres des services de l’éducation nationale de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin vous souhaitent de profiter pleinement d’une retraite bien méritée !

 E.F.