Les actes du séminaire consacré aux classes bilingues

Il s'agissait de faire un bilan d’étape des classes bilingues créées dès la rentrée 2016 dans les deux degrés de l’enseignement à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin et tracer des perspectives à la fois pour les élèves et les enseignants qui souhaitent s’investir dans ce dispositif.

Étaient conviés :

  • Les directeurs et directrices des écoles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ;
  • Les principaux et principaux adjoints des établissements scolaires de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ;
  • Les professeurs des écoles impliqués dans l’enseignement des classes bilingues des deux territoires ;
  • Les professeurs des deux collèges de Saint-Barthélemy et de Quartier d’Orléans impliqués dans l’enseignement bilingue.

Les intervenants listés par ordre de passage selon le programme :

  • Monsieur Michel SANZ, IA-DAASEN de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ;
  • Monsieur Dominique BOYER, inspecteur de la circonscription des îles du Nord ;
  • Monsieur Eric DOMICHARD, principal du collège Quartier d’Orléans ;
  • Madame Leela CONNOR-HANSON, principale du collège Mireille CHOISY ;
  • Monsieur Vincent BARAUD, chargé de mission des services de l’éducation de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ;
  • Madame Marie-Joselyne ARNELL, conseillère pédagogique généraliste du 1er degré ;
  • Madame Evelyne FLEMING, chargée de mission de l’IA-DAASEN ;
  • Madame Jocelyne VIEILLOT, IA-IPR d’anglais et coordonnatrice des langues dans l’académie Guadeloupe ;
  • Madame Nadège TORRE, professeur formateur académique et chargée de mission de l’IA-IPR d’anglais.

 

Monsieur Michel SANZ a établi le protocole et souhaité la bienvenue à toutes les personnes présentes au séminaire avant de remercier Monsieur Eric DOMICHARD, principal du collège Quartier d’Orléans, pour l’accueil dans son établissement. Puis il a salué les acteurs du séminaire relatif à l’enseignement bilingue à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin en excusant Madame Leela CONNOR-HANSON, principale du collège Mireille Choisy.

Après quelques mots d’introduction sur les objectifs de ce séminaire, il a procédé à la lecture des mots du recteur d’académie, Monsieur Mostafa FOURAR et de l’IGESR, Madame Antonella DURAND. Ces derniers, en raison de leurs obligations professionnelles empêchant une présence effective, ont tenu à souligner le travail effectué sur les deux territoires et à mettre en exergue l’importance d’un tel séminaire afin de définir les perspectives d’évolution de ce dit enseignement.

Intervention de Mostafa FOURAR, recteur

Intervention d'Antonella DURAND, IGESR

Monsieur Michel SANZ a présenté un programme qui, quoique dense, a consacré des temps d’échanges entre personnels du premier et du second degrés et/ou entre intervenants et auditeurs. Il a rappelé la genèse de la création des classes bilingues à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin, classes bilingues qui ont été effectives dès la rentrée 2016 soit quelques mois après son arrivée en poste. Inscrites au « Plan jeunesse outre-mer », plan qui concernait le territoire de Saint-Martin, il s’est alors rendu compte qu’elles étaient inexistantes. Sa première rencontre avec le président de la collectivité de Saint-Barthélemy a quant à elle était marquée par la demande formelle de celui-ci d’avoir un enseignement bilingue dans les parcours scolaires de Saint-Barthélemy. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 29 classes pour un total de 574 élèves (402 dans le premier degré et 172 dans le second degré) qui sont concernées par l’enseignement bilingue.

Programme

Monsieur Dominique BOYER, inspecteur de la circonscription des îles du Nord, invité à prendre la parole, a lui aussi rappelé qu’il avait pris son poste en même temps que Monsieur Michel SANZ et qu’ils ont donc tous les deux fait de la création des classes bilingues une priorité sur les deux territoires. Afin de présenter le fonctionnement des classes bilingues dans le 1er degré, il a d’abord défini les choix didactiques retenus. Les écoles en REP et REP+ ont été principalement ciblées et les choix didactiques ont été calqués sur le modèle de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) soit deux langues, deux enseignants selon un découpage par discipline d’où résulte un enseignement à parité horaire. Commencer à enseigner en français et en anglais dès les moyennes sections en prenant en considération le fait que cet enseignement représentait une surcharge cognitive pour les élèves en difficulté, l’identification des publics concernés se devait d’être précise. Il ne s’agissait donc pas d’enseigner l’anglais mais d’enseigner en anglais ce qui a rapidement mis en exergue la carence en ressources humaines. Le même protocole pédagogique retenu pour les deux territoires a dû être modifié à la rentrée scolaire 2019 pour Saint-Barthélemy. Paradoxalement, si les parents de Saint-Barthélemy étaient d’emblée persuadés de la plus-value de cet enseignement pour leurs enfants, il a fallu convaincre ceux de Saint-Martin qui donnaient plus d’importance à un enseignement en français, leurs enfants étant déjà plus à l’aise en anglais. L’engouement pour cet enseignement s’est traduit à Saint-Barthélemy par la volonté des parents de voir tous les enfants, sans exception, suivre cet enseignement. Il a également pointé du doigt une perte d’enfants dans les cohortes de Saint-Martin à mesure que ces dernières évoluaient par niveau. Cette perte pouvant s’expliquer par une sortie du territoire de Saint-Martin et par des mesures de carte scolaire.

La présentation du fonctionnement des classes bilingues dans le 2nd degré est d’abord revenue à Monsieur Eric DOMICHARD, principal du collège Quartier d’Orléans classé en REP+. Monsieur DOMICHARD a rappelé les pourcentages d’élèves établis selon leur langue usuelle, pourcentages disponibles à son arrivée à la rentrée 2017 : 2 % en créole, 5 % en français, 12 % en espagnol et 82 % en anglais. Il a qualifié l’enseignement bilingue, français/anglais, au collège de Quartier d’Orléans, comme étant un enseignement au service d’une réalité locale et a retracé le contexte pédagogique du collège dont il avait la direction en matière d’infrastructures suite au passage de l’ouragan Irma, d’équipements techniques et de ressources humaines. Il a décrit les quatre classes concernées par l’enseignement bilingue à partir de leurs niveaux, leurs effectifs, leurs fonctionnements didactiques et les équipes pédagogiques associées. Par le biais des conseils d’enseignement, il a défini comme priorité l’évaluation des élèves au terme de la classe de 3ème portant à la connaissance de tout un chacun qu’un référentiel de compétences relatif aux classes bilingues avait d’ores et déjà été créé par ses équipes. Il a insisté sur la nécessité d’une poursuite d’études mettant à profit les compétences acquises par ces élèves dans ce dispositif.

Le bilinguisme au collège de Quartier d'Orléans

La présentation du fonctionnement des classes bilingues dans le 2nd degré s’est poursuivie avec Madame Marie-Annick BONNEAU, professeur d’histoire au collège Mireille Choisy, en l’absence de la principale, Madame Leela CONNOR-HANSON. Elle a présenté dans un premier temps les modalités de l’enseignement bilingue dans le second degré à Saint-Barthélemy. Les interventions hebdomadaires des collègues de Saint-Martin dans les quatre disciplines suivantes : mathématiques, histoire/géographie/enseignement moral et civique et sciences physiques respectaient un enseignement à parité horaire et s’établissaient à partir d’une concertation entre les collègues concernés. Aucun élève du collège Mireille Choisy n’a manifesté le choix d’abandonner cet enseignement et les cohortes sont parfaitement révélatrices de ce constat. Dans un second temps, elle a  défini cet enseignement comme étant avantageux pédagogiquement car favorisant l’expression en anglais des élèves dans les cours dédiés à l’enseignement bilingue. Toutefois, le choix des élèves faisant partie des classes bilingues, effectué dès le mois de mai en concertation avec les professeurs des écoles a traduit un déséquilibre dans les autres classes dont se sont plaint les collègues. Elle a aussi souligné l’absence de professeur en possession de la certification complémentaire DNL à Saint-Barthélemy et le manque crucial de formation des enseignants pour pallier à ce manquement. Des aléas liés aux transports des collègues en provenance de Saint-Martin ont constitué ou constituent encore parfois un frein au bon déroulement de l’enseignement bilingue au collège Mireille Choisy.

Monsieur Vincent BARAUD, chargé de mission de l’IA-DAASEN, a présenté des tableaux et courbes relatifs aux suivis de cohortes dans le premier et le second degré tant à Saint-Barthélemy qu’à Saint-Martin. Se contentant de présenter des chiffres, il a laissé libre cours à l’interprétation des auditeurs. Afin d’établir une plus-value ou une moins-value de ces classes bilingues, il a présenté une comparaison des effectifs de ces dites classes avec ceux des autres classes dites classiques et ce, par niveau.  

Suivi de cohortes

Madame Marie-Joselyne ARNELL, conseillère pédagogique généraliste 1er degré, est intervenue sur les fondements théoriques qui ont abouti à la lettre de cadrage pédagogique pour ce qui est du premier degré avant de laisser la parole à Madame Evelyne FLEMING, chargée de mission de l’IA-DAASEN, pour ce qui est du second degré. Témoignages d’enseignants, mises en œuvre de cours spécifiques répondant à une parité horaire en français et en anglais, motivation ascendante des publics scolaires, réconciliation des parents avec l’institution sont tout autant de points positifs listés au premier comme au second degré. L’enseignement bilingue a eu le mérite de perdurer dans le temps faisant fi des difficultés essentiellement liées au manque de personnel compétent, reposant sur une motivation sans faille d’enseignants volontaires principalement contractuels. Le recrutement des élèves selon un profil particulier répondant à des capacités organisationnelles, méthodologiques consolidant une certaine surcharge de travail demeure un élément incontournable de la réussite dans ces classes. Alors qu’un focus était fait au premier degré sur l’apprentissage de la lecture en anglais avec un transfert naturel des acquis d’une langue à l’autre, un focus était fait dans le second degré sur les progrès concourant à la maîtrise du français et à la pratique de l’anglais dit standard jusqu’alors pénalisée par une expression envahissante et dominante de l’anglais « saint-martinois ». Madame Evelyne FLEMING n’a pas manqué de faire une projection sur une coopération éducative avec Sint Maarten, Anguilla, St. Kitts, soit les voisins proches de nos territoires.

Les deux bilans d’étape dressés par Mesdames ARNELL et FLEMING en charge du pilotage et du suivi des classes bilingues ont participé à l’adoption d’une vision panoramique commune de cet enseignement participant au décloisonnement d’un enseignement jusqu’alors cantonné soit au premier soit au second degré ; l’idée étant de faire la jonction des cohortes de l’élémentaire au collège dans un futur proche. 

Choix didactiques et pédagogiques dans le 1er degré

Les fondements théoriques qui ont abouti à la lettre de cadrage pédagogique dans le 2nd degré

Mesdames Jocelyne VIEILLOT, IA-IPR d’anglais et coordonnatrice des langues dans l’académie a traité les thématiques suivantes : possibilités de formation pour les enseignants et poursuites possibles des apprentissages débutés en classes bilingues. Ces deux thématiques ont fait l’objet d’un exposé à deux voix, exposé présenté en partie par Madame Nadège TORRE, professeur formateur académique

En sus des formations visant l’obtention du DCL (Diplôme de Compétences en Langue) ouvert à tous les corps de métier et aux personnels titulaires ou non et de la certification complémentaire DNL (Discipline Non Linguistique) en SELO, les possibilités de formation à destination des enseignants sont variables. En effet, elles peuvent avoir lieu sur le territoire (par des enseignants d’anglais présents ou à l’université de Sint Maarten), à distance (Mooc, Fun Mooc, M@gistère), à l’étranger (stages de perfectionnement linguistique, Erasmus +), en immersion linguistique dans la vie professionnelle comme dans la vie privée (séjours réguliers dans des pays anglophones, contacts avec des collègues à partir de centres d’intérêt). Madame Jocelyne VIEILLOT a fortement encouragé les enseignants à effectuer des séjours de perfectionnement linguistique à l’étranger et les a invités à se rapprocher de Madame VIDAL de la DARIC. Monsieur Michel SANZ a pensé qu’un déplacement de Madame VIDAL à Saint-Martin serait opportun.

Après avoir fait un état des lieux des sections européennes à Saint-Martin et un récapitulatif des enseignants habilités à enseigner une DNL en anglais sur le territoire, les possibilités de poursuites des apprentissages initiés en classes bilingues se profileraient dans un dispositif existant et qui mériterait d’être étendu. L’enseignement d’une DNL en collège de la 6ème à la 3ème, d’une DNL hors SELO en LVE au lycée sont tout autant d’opportunités qui mériteraient réflexion. L’ouverture également de sections internationales en collège et en lycée pourrait également être une réponse aux attentes des deux territoires. Une section internationale qui concernerait le LEGT Robert Weinum est d’ores et déjà à l’étude.

Madame Christelle CLEMENTE, professeur de sciences physiques au LEGT Robert Weinum, a été invitée à prendre la parole pour relater un séjour linguistique récent qui l’a conduit en Angleterre. Madame Sylvie CHOISI, conseillère pédagogique départementale 1er degré en anglais s’est aussi exprimé sur ce qui existait en matière de formation des personnels du premier degré.

Formation et apprentissages

Deux temps forts d’échanges avec les auditeurs étaient programmés entrecoupant les interventions afin de solliciter les réactions ou demandes d’éclaircissements. Conscients et convaincus de la portée de l’enseignement bilingue sur les deux territoires, les auditeurs ont majoritairement formulé des questions en rapport avec les formations des enseignants, les séjours en immersion linguistique et les poursuites d’études des cohortes après la classe de 3ème en sections internationales.

Monsieur Michel SANZ a conclu que le programme avait non seulement été dense comme annoncé en début de séance mais avait été très enrichissant au vu de son contenu et des réactions notées. Il a adressé ses plus vifs remerciements aux intervenants et aux participants invitant tout un chacun à continuer à œuvrer au niveau qui était le sien rappelant que le succès du parcours effectué depuis 2016 était de bon augure car ne pouvant que présager l’expansion de ces classes bilingues pour le plus grand profit de nos élèves.  

Compte-rendu rédigé par Évelyne FLEMING, chargée de mission auprès de l'IA-DAASEN de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin