Mireille CHOISY, petit ou grand collège ?

Le collège Mireille Choisy présenté à partir d'acteurs divers œuvrant pour la réussite de tous ses élèves.

Gustavia, la ville principale de Saint-Barthélemy, abrite le collège Mireille CHOISY qui compte environ quatre cents élèves. Petit collège, me direz-vous ! Grand collège, vous répondrai-je ! Suivez-moi et vous verrez par vous-même !

 

À chacune de mes visites, j’ai la chance de rencontrer Jacqueline. Sa blouse de travail ne laisse point de doute. Madame Jacqueline MAYER est ATEC c’est-à-dire, agent technique d’entretien des collectivités. Elle a suivi l’évolution de l’établissement et est un précieux témoin de son histoire. En effet, elle y travaille depuis décembre 1982. Fière d’être l’ennemie jurée de la poussière et de tous types de saleté, elle n’hésite pas à faire la chasse aux collégiens qui oublient de jeter leurs détritus dans les poubelles. Passionnée par son métier, elle considère la propreté comme étant une précieuse qualité et associe l’hygiène au bien-être des élèves et des personnels. Habitant à proximité du collège, elle détient un jeu de clé unique ce qui lui permet de travailler à son rythme et de faire le temps d’un week-end, un nettoyage plus poussé. Mais, au fait, elle habite vraiment non loin du collège ou elle habite dans le collège ? Disons que ce dernier est sa deuxième maison. Ne soyez pas surpris si un jour, côté rue, vous découvrez le soldat Jacqueline armée d’un tuyau d’arrosage ! Vous saurez qu’elle a alors déclaré la guerre aux couches de poussière qui recouvrent les vitres ou les façades. Lorsque vous entrerez dans les salles de classe, je vous mets au défi de trouver une quelconque trace sur les tables et profitez pour jeter un coup d’œil dans les coursives. Dites-moi ce que vous y avez trouvé ! Parions que vous repartirez bredouille !

Je l’ai croisée au CDI et c’est d’un geste ferme qu’elle lustrait les tables puis je l’ai retrouvée un plus tard dans une salle de classe aux commandes de son balai. L’énergie était palpable et la détermination  révélée par chaque coup de balai. Chut ! Laissons-la faire et observons-la avec discrétion car elle ne supporte pas d’être dérangée en pleine besogne !

Madame Mona GOB, principale du collège compte bien donner dès l’an prochain, un éclat supplémentaire à l’établissement qu’elle dirige par des actions de prévention autour de l’utilisation maximale des poubelles de tri déjà installées. Madame Jacqueline MAYER et ses deux collègues qui réalisent un travail formidable, ne pourront qu’être encouragés par ces nouvelles initiatives qui visent un comportement citoyen en rapport avec la protection de l’environnement.

Là où Madame Jacqueline MAYER passe, la poussière trépasse alors souhaitons-lui de poursuivre sa tâche avec autant de foi et de vigueur !

Aujourd’hui, j’ai fait une rencontre qui ne m’a pas laissée indifférente ; celle de Raphaël LEFEVRE POPPE, un adolescent de 16 ans, scolarisé au collège Mireille CHOISY. Il fait partie des 22 élèves de la classe de seconde et à première vue, il ressemble à tous les jeunes de son âge. C’est lorsque l’on entame une discussion avec lui, que l’on se rend rapidement compte qu’il a une réflexion mature et une capacité d’analyse surprenante. Son projet professionnel est tout tracé. L’an prochain, il regagnera une école française au Canada où il fera sa classe de première ES avant de partir en France où il compte bien intégrer Sciences Po. Il veut faire une carrière dans la politique et croyez-moi, il se comporte déjà en petit homme responsable. Il a fait ses premières armes en siégeant au conseil d’administration de son établissement. Mais que peut-il trouver d’intéressant dans ces CA ? Pour reprendre ses mots « J’y ai découvert la face cachée du fonctionnement d’un établissement. Il est très intéressant de voir les professeurs différemment et de s’impliquer dans la vie du collège ». Raphaël ou plutôt Monsieur LEFEVRE POPPE, a fait ses preuves en jouant le rôle de médiateur dans un conflit qui opposait ses camarades de classe aux personnels. En effet, la classe de seconde se distingue des autres classes par la liberté de ne point porter de tenue réglementaire et d’être considérée par les surveillants et enseignants comme des « lycéens ». Au moment où ses camarades ont commencé à outrepasser les libertés qu’il leur avait été octroyées en se présentant dans des tenues plus adaptées à la plage qu’à l’école, notre futur ministre ou pourquoi pas président, les a ramenés à la raison, concession oblige pour une bonne marche de la société. Discrétion plus rigueur multipliée par intelligence  est dans ce cas précis égale à efficacité. Et devinez qui a assuré le lancement du forum des métiers ? Notre Raphaël ! Je me hasarde alors à demander à mon interlocuteur s’il a un conseil à prodiguer à la jeunesse de Saint-Barthélemy. Et comment donc ? Bien sûr que notre bonhomme a un conseil et pas des moindres : « Faites tout ce que l’île peut offrir comme activités culturelles pour vous forger. Sans activité, on reste vide. À part la culture, il n’y a rien d’éternel ! ». Et la famille, quelle importance accorde t-il à la famille ? « La famille est très importante bien qu’elle ne fasse pas toujours l’élève. Par exemple, dans des familles difficiles, il y a tout de même des réussites en partant de très bas. Le suivi de la famille aide mais ce n’est pas désespéré si la famille n’est pas présente. C’est simplement plus dur ! »

La principale est fière de cet élève qui a marqué les conseils d’administration par son assiduité et surtout par ses questions pertinentes. Nous ne pouvons que le féliciter comme l’ont fait avant nous ses professeurs lors des conseils de classe et plagions une des appréciations portées sur son bulletin « Continuez avec le même sérieux ! ».

Le collège a l’air vide tout-à-coup… Que se passe t-il ? Il n’est que 10 heures 25 ! Oups ! J’allais oublier la représentation de l’atelier théâtre du collège à 10 heures 30. Je me précipite dans une rue parallèle et monte rapidement les quelques marches couvertes d’un tapis rouge qui me mènent dans un coquet petit théâtre. Commencées à l’heure pile, les scènes bien huilées se succèdent avec une interprétation digne de professionnels. Tous les acteurs, des élèves de la sixième à la seconde, se donnent à fond dans des interprétations parfois difficiles étant donné les subtilités de la langue française mais également le nombre et la longueur des répliques. La leçon de mémorisation nous est donné par une petite comédienne, inscrite en sixième. Ses rôles sont nombreux, ses textes sont conséquents et croyez-moi, elle occupe la scène. Ce n’est pas du tout une ballade sur les planches que cette troupe d’amateurs effectue mais bien une interprétation de « La ballade des planches ». Les spectateurs constitués d’enseignants et d’élèves sont ravis de ce spectacle de fin d’année et jouent bien volontiers le jeu lorsqu’ils sont pris à partie. Soudain, j’entends mon nom dans un coin de pénombre. Quel honneur ! Je suis invitée à rejoindre à la régie Mesdames Amandine BARON, professeur d’anglais et Aurélie DUDEFFANT, professeur de français. Ce sont elles, les animatrices de cet atelier théâtre. Tout en suivant les comédiens sur scène, j’observe ces deux dames du coin de l’œil. Elles accompagnent les répliques de leurs murmures, soutiennent la gestuelle des comédiens par la leur, assurent le jeu de lumières, initient les intermèdes musicaux et retiennent leur souffle jusqu’au salut final.

Chapeau bas Mesdames pour un travail qui traduit la performance et le don de soi ! La magie du théâtre avait déjà opéré la veille au soir lors de la prestation à destination du tout public et elle opère à nouveau, enrichissant spectateurs et comédiens d’une didactique puissante et d’une pédagogie d’apprentissage hors pair.

Pour le plus grand bonheur de la troupe et des enseignants, ils vont tous déjeuner au SELECT, the restaurant to be, et c’est avec un pincement au cœur que non seulement ces jeunes mais l’île toute entière verront partir Madame Aurélie DUDEFFANT vers d’autres cieux. Elle a planté de solides fondations du théâtre au collège Mireille CHOISY et espérons que les murs s’érigeront avec tout autant de solidité. Mais, pour revenir au pincement au cœur, qu’en sera t-il de celui de notre metteur en scène ? Pour rester dans le monde théâtral, lançons-lui un « Merde ! » de bonheur et de succès.

Sur le chemin du retour au collège, la tête pleine d’images merveilleuses, je sais que l’École n’a pas encore puisé dans toutes ses réserves et que de nombreuses réussites prochaines viendront témoigner de l’innovation et de l’engagement dont fait preuve le monde enseignant. L’entretien que je vais avoir avec Madame Anabelle BELAIR-NEBOT en début d’après-midi viendra conforter mes pensées.

Professeur d’anglais au collège Mireille CHOISY depuis septembre 2012, Madame Anabelle BELAIR-NEBOT est l’exception qui confirme la règle. Affectée en tant que titulaire sur zone de remplacement (TZR) suite à une demande de mutation à Saint-Barthélemy, elle saisira l’opportunité d’un poste fixe. Elle privilégie l’interaction et malgré une studieuse préparation en amont, elle ne croit pas dans les cours calqués qui respectent une démarche rigide et figée et sort lorsque nécessaire des manuels en variant les supports. C’est la raison pour laquelle, elle laisse une marge d’adaptation à sa séance selon la réaction des élèves et s’attache à proposer de nouveaux cours chaque année. Très impliquée dans son collège, Madame Anabelle BELAIR-NEBOT revêt plusieurs casquettes : elle est coordonnatrice dans sa discipline, anime un atelier de langue créole, est co-animatrice d’un atelier jeux et est également Enseignante Référente pour l’Action Européenne et Internationale (ERAEI). Sollicitez-la pour monter un dossier pour la mobilité car sa mission est de favoriser la mise en place de tous les projets européens et/ou internationaux et si difficultés il y a, elle facilitera vos échanges avec la Déléguée Académique aux Relations Européennes et Internationales et à la Coopération (DAREIC). Dans les tiroirs, des dossiers sont en cours de réflexion pour des échanges avec l’Espagne et la Suède. Trêve de curiosité, vous en saurez davantage le moment venu. Contentez-vous de rêver comme moi de la Nouvelle Orléans et sachez que pour trente élèves de troisième et cinq adultes, ce rêve s’est bel et bien réalisé. En février 2017, ils ont vécu une extraordinaire aventure humaine, culturelle, linguistique ô combien formatrice. Mais rassurez-vous, ils ont préparé ce déplacement comme il se devait et ont reçu leurs homologues quelques mois après. Madame Anabelle BELAIR-NEBOT a une volonté infatigable de faire bouger les choses et mise sur le travail d’équipe. Quand elle ne prépare pas des séquences communes avec ses collègues, elle participe activement à la mise en œuvre d’une semaine nationale des langues pendant laquelle l’anglais, l’espagnol, le créole et le portugais vont à la rencontre les uns des autres et les parents sont conviés à participer aux cours. Et c’est avec conviction qu’elle conclura en affirmant « Travailler en équipe n’est pas toujours évident mais enrichit dans un sens comme dans l’autre. Il faut arriver à le faire car on le demande aux élèves ».

À l’instar de cette enseignante active et passionnée, je vais rencontrer plusieurs autres lors d’une réunion organisée par Madame Mona GOB afin d’établir les équipes de la sixième et de la cinquième bilingues de l’année scolaire prochaine. Motivés, mobilisés et impatients de vivre ou de revivre cette expérience de l’enseignement en français et en anglais, tous ces professeurs sont prêts à s’engager pour faire réussir la seconde année de l’expérimentation de l’enseignement bilingue initiée par l’IA-DAASEN des collectivités d’outre-mer de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. À la veille de vacances plus que méritées, ils sont soucieux de bien préparer leur rentrée et se retroussent déjà les manches pour faire face aux challenges à venir. Incroyable mais vrai !

Lorsque le collège Mireille CHOISY de Saint-Barthélemy aura décidé de mettre au grand jour toutes ses réalisations, il ne manquera pas de surprendre plus d’un et servira de modèle à bien d’autres.

Alors, que choisissez-vous de dire : petit collège ou grand collège ?

 

E.F.