L’année scolaire 2018/2019 marque un tournant dans cette action phare du service de l’éducation nationale des Iles du nord.
Initié en 2015, mise en œuvre à la rentrée 2016, la formation professionnelle des enseignants à la didactique du français langue étrangère touche à sa fin. Cette formation dispensée par le CNED se déroule sur deux années scolaires. Les enseignants participants sont tous volontaires. Ils effectuent les 160 heures de cours du programme PROFLE+, hors temps scolaire, le soir et les week-ends à raison de deux modules par an, sur deux ans.
La première promotion – ou contingent de 100 participants – a terminée en juillet 2018. La seconde – de 101 participants – terminera en juillet 2019. Si l’ambition de départ était de taille : former 100 enseignants chaque année, le défi a été relevé. Ils sont 201 exactement a avoir effectué au minimum 50% de la formation.
L’ouragan Irma a pénalisé ce dispositif – comme tant d’autres – sans pour autant l’anéantir. Beaucoup d’enseignants ont souffert, ont perdu leurs biens et ont priorisé les reconstructions morales et matérielles. Sur une île détruite à 95%, les infrastructures comme les réseaux Internet ont été en très grande partie inexploitables. Dans ces conditions, il était prévisible que cette action, basée sur le volontariat des enseignants et effectuée sur leurs temps libres, subisse les conséquences désastreuses d’Irma et ferme. Ce ne fut pas le cas. La résilience générale a permis de continuer et à peine quatre mois après l’ouragan, 132 enseignants se sont réinscrits !
En ce mois de février 2019, si la première promotion a terminé, de la seconde, ils sont encore près de 50 à effectuer le troisième module. Henri TORRES, référent FLE dédié à cette action accompagné de Micheline PHERON, les suivent quotidiennement et mettent tout en œuvre pour favoriser un développement global du français langue étrangère sur ce territoire.
Car faut-il encore le rappeler : le FLE/FLS est une solution concrète à l’allophonie scolaire.
Sur un territoire où plus de 80% des élèves sont allophones (voire devenus francophones, mais de langue maternelle étrangère), où la langue vernaculaire est l’anglais, où l’espace francophone (culturel et linguistique) est limité à l’espace classe, les pratiques pédagogiques sont les principaux points d’ancrage de la réussite scolaire.
Ainsi, pour prolonger cette action, d’autres sont en cours :
- Diffusion de méthodes FLE dans les établissements scolaires
- Formation des agents de BCD/CDI
- Séances de travail avec les enseignants formés pour traduire les compétences acquises en actes pédagogiques
Cette formation dédiée à l’allophonie scolaire témoigne de la volonté d’adapter le système, de territorialiser l’action publique afin de mieux répondre aux besoins des populations.
Changer les pratiques pour devenir plus efficace, c’est innover. « L'innovation systématique requiert la volonté de considérer le changement comme une opportunité. » Peter Drucker
Il nous appartient à tous de la saisir.
Olivier BEAUFOUR, chef de projet
Témoignages d’enseignants inscrits à la formation PROFLE+
Mme AHOUA, enseignante en classe de CE2
-Pourquoi avez-vous décidé de suivre la formation PROFLE+ ?
On me l’a proposée et comme je n’en n’avais jamais entendu parlé, alors j’ai sauté sur l’occasion.
-En quoi est-ce important d’être initié(e) à la méthodologie du FLE à Saint-Martin ?
Cela m’a permis de mettre en place des petites astuces qu’on a vues dans les cours, concernant l’organisation du travail, l’alternance binôme, en groupe, la présentation devant la classe.
Mme DENIS, enseignante en classe de CP
-Que pensez-vous de la formation PROFLE+ ?
-En fait, c’est une formation très intéressante car cela nous apporte des notions méthodologiques, pédagogiques, pratiques aussi. Le seul inconvénient, c’est la présentation de la plateforme. Je pense qu’elle aurait pu être plus ludique, car il y a beaucoup de choses à lire… quand on arrive en fin de journée, c’est un peu compliqué, mais dans l’ensemble c’est une formation très intéressante.
-En quoi est-ce important d’être initié à la méthodologie du FLE quand on est enseignant à Saint-Martin ?
-A Saint-Martin on est dans un contexte de multilinguisme, cela permet de mieux comprendre comment partir des acquis des élèves, parce que dans leur langue ils maîtrisent un certain nombre de savoirs que l’on peut transposer en français, ce qui permet de mieux programmer les apprentissages. C’est aussi en cela que c’est très intéressant.
Mme VARGAS-DORMOY, enseignante d’économie au lycée professionnel
-Pourquoi avez-vous décidé de suivre la formation PROFLE+ ?
-Je n’avais jamais envisagé le français comme une langue étrangère, et lorsque j’ai vu cette formation, je me suis dit qu’effectivement nous avons des élèves qui ne sont pas francophones, donc nous, enseignants à Saint-Martin, cela nous demande aussi de prendre en compte cet élément.
J’interviens dans l’enseignement professionnel, aussi j’avais cette crainte de savoir comment exploiter le FLE dans ma discipline et l’utiliser dans mes séances.
Propos recueillis par Micheline PHERON, référente FLE