Depuis sa création en 1981, l’éducation prioritaire a eu pour objectif de corriger les inégalités sociales par le renforcement des actions éducatives en faveur des élèves dans des zones où le taux d’échec scolaire était le plus élevé.
A la rentrée 2015, de nouveaux dispositifs ont été créés :
- les réseaux d’éducation prioritaire (REP) pour des quartiers un peu plus mixés socialement mais aux difficultés sociales plus significatives que celles des établissements situés hors de l’éducation prioritaire ;
- les réseaux d ’éducation prioritaires plus (REP+) pour des quartiers où se concentrent les plus grandes difficultés.
Les inégalités à Saint-Martin sont nombreuses dans un contexte socioculturel très particulier où se côtoient nombre de nationalités différentes et des situations familiales particulièrement difficiles. Le cyclone Irma en septembre 2017 a fait se creuser davantage les inégalités. A cela s’ajoute un fort turnover du personnel éducatif.
Les deux réseaux (REP et REP+) sont implantés à Saint Martin. A Quartier d’Orléans le réseau REP+ comportent cinq établissements scolaires : deux écoles maternelles, deux écoles élémentaires et un collège. Sur le bassin de Marigot, le réseau REP compte 8 établissements scolaires : trois écoles maternelles, quatre écoles élémentaires et le collège Mont des Accords.
Sur les quelques 5 741 élèves scolarisés en septembre 2019 dans le premier degré et au collège, l’effectif total en REP ou REP+ est de 4 454 élèves ce qui représente 77,6% des élèves, soit 3 037 élèves scolarisés en REP et 1 417 élèves scolarisés en REP+. (82% des élèves en 1er degré et 69,4% des collégiens).
Sur la totalité des élèves scolarisés dans l’académie de Guadeloupe, Saint-Martin représente pour les collèges environ 45% de l’effectif en REP+ et 16 % en REP et pour le premier degré 39% en REP+ et 15% en REP.
Il devient évident qu’avec un tel taux d’élèves en éducation prioritaire, le travail en liaison et en réseau inter-cycles, inter-écoles et pluridisciplinaire doit être une priorité afin d’œuvrer pour une meilleure réussite éducative des élèves. Coordonner le Réseau d’Education prioritaire est une façon de fédérer des projets pour une ambition commune : la réussite des élèves.
Afin d’atteindre cet objectif, différents dispositifs ont été mis en place tels que la formation, l’accompagnement et le travail collectif des enseignants, l’échange de pratique, le dédoublement des classes de CP et de CE1, l’accueil des enfants de moins de trois ans, un accompagnement continu en 6ème, l’accueil des parents et l’accroissement de l’ambition scolaire des élèves.
Plusieurs autres actions vont aussi en ce sens :
- Les stages de réussite éducative pendant les congés scolaires (SRAN).
- L’accompagnement éducatif hors temps scolaire.
- L’enseignement bilingue français-anglais conçu spécifiquement pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy en 2016. A saint Martin, 20% des élèves du premier degré sont scolarisés en classe bilingue (298 sur 1492 élèves) et 5,7% dans le second degré (80 élèves sur 1386).
- Des réunions de liaisons régulières inter-cycles et inter-écoles qui permettent la mise en place de projets communs dans divers domaines : environnement, arts plastiques, musique…
- De nombreux projets internes aux classes dans chaque école pour favoriser l’apprentissage autrement.
- Des projets et des formations mis en place par les différents chargés de mission du SENIDN.
- L’harmonisation des programmes sciences dans le cycle 3 pour permettre une meilleure cohérence de la programmation des enseignements scientifiques jusqu’en fin de cycle 3, en classe de sixième.
- Des actions conduites par différentes associations via le P.R.E pour proposer un angle d’apprentissage différent aux élèves : apprendre autrement avec des prises en charge quotidiennes d’élèves, des ateliers hebdomadaires, des ateliers éducatifs hors temps scolaires pour les enfants en grande difficulté dans les deux secteurs.
Ces chiffres et ces actions démontrent très clairement que puisque l’essentiel des élèves est scolarisé en éducation prioritaire, il est important que les équipes éducatives et les partenaires institutionnels ou associatifs travaillent ensemble à la réussite de ces élèves avec pour objectif de réduire le taux d’échec scolaire. Ce travail en réseau est une véritable priorité et surtout un challenge à relever.
Lucile MAAROUFI, coordonatrice EP et PRE par intérim.